CompuServe se plie à la censure de la police bavaroise.


netizen 1.10 - 29 dec 1995
Lire les articles des 27 et 29 décembre du bulletin quotidien The American Reporter.
Voir la version anglaise.
Et d'autres informations sur l'affaire: la liste complète des groupes censurés, le communiqué de CIS et des extraits d'articles de la presse allemande (en anglais).

(Avec Kurt Kleiner in Stuttgart and Ulf Moller in Hamburg.)

Act 1. La direction de Compuserve Inc., basée dans l'Ohio, a décidé, vendredi soir 22 décembre, de bloquer l'accès à certains newsgroups sur sa passerelle Internet (Compuserve Internet Service). Décision qui censure tout de même 200 groupes. Essentiellement toutes les hiérarchies "douteuses" aux yeux des censeurs de tous poils : les alt.sex* et les alt.binaries.pictures.erotica.* (voir la liste complète).

Act 2. Le service Feedback de CIS s'expliquait le week-end du 24 en mettant cette décision sur le compte de la Communication Decency Act (CDA) (voir The American Reporter, Dec. 97). Alors que cette loi n'est même pas encore votée : le Congrès et devrait y mettre sa patte en janvier. Le Président n'a pas déclaré qu'il y mettrait son véto. Le point important : tout fournisseur d'accès deviendrait juridiquement responsable de ce qu'il fait désormais transiter. Et risque des peines de prisons et jusqu'à 100.000 dollars d'amendes pour tout message à caractère "indécent".

Act 3. Réaction de CIS le 28 décembre dans un communiqué de presse. Qui impute cette décision de censure à une "enquête du gouvernement allemand" sur les services en ligne qui peuvent être liés à la pédophilie.

Act 4. Ce bulletin apprend, par des correspondants allemands, que c'est la police du Land de Bavière qui est à l'origine de tout ça. Une enquête de "la police locale, et non fédérale" annonce Kurt Jaeger, étudiant en informatique à Stuttgart. La presse allemande confirme que le siège de CIS-Allemagne, basé à Munich, a fait l'objet de perquisitions ces derniers jours. "La police a apparemment forcé Compuserve à coopérer", dit Kurt. "Aucun tribunal ne s'est prononcé sur le sujet." Ulf Moller, une autre source académique à Hambourg, rappelle que "la police bavaroise a déjà coupé l'accès des BBS Fidonet et saisi le matériel des opérateurs pour plusieurs mois." Autre élément intéressant : une chambre civile aurait décidé de ne pas rendre juridiquement responsable un fournisseur d'accès pour le contenu des messages qu'il transporte. Dans des cas d'affaires criminelles (c'est le cas pour des images incitant à la pédophilie), rien n'a encore été décidé.

Epilogue. Voila donc un des plus gros acteurs du marché mondial de la télématique qui doit se plier à une censure généralisée, sur l'ensemble de ses abonnés mondiaux, après une décision de quelques képis bavarois. Tout cela au moment où les solutions de "contrôle parental des accès" est tout à fait viable (logiciels SurfWatch, NetNanny et autres NetShepherd). Voir aussi les recommendations du consortium W3 sur l'auto-censure. A noter que les deux grands concurrents de Compuserve, America Online et Prodigy, ont opté pour ce contrôle personnalisé des accès.


Lire d'autres informations sur l'affaire, des extraits d'articles de la presse allemande (en anglais).


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