bulletin lambda 2.11

20 octobre 1996


Court-circuits en Birmanie

Comment le régime militaire de Rangoon interdit l'usage d'ordinateurs et des réseaux de communication pour mieux museler l'opposition.
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Court-circuits en Birmanie

Depuis le début du mois d'octobre, la junte militaire au pouvoir en Birmanie (Myanmar) a repris les choses en main et musellé l'opposition par une série de détentions de disidents. Mais la repression a une nouvelle dimension: interdire fax, ordinateurs portables, modem et tout moyen de communication moderne. C'est l'agence UPI à Rangoon qui annonçait la mesure le 27 septembre. De nouveaux textes de loi du SLORC (l'acronyme de la junte) ont en effet interdit la possession, l'usage, l'importation -- et même l'emprunt ! -- des modems et des fax. Sans autorisation, ce "crime" peut valoir 15 ans de prison.

UPI précise que la loi, "The Computer Science Development Law" (loi pour le développement (sic) de la science informatique), donne mission au ministère des communications, postes et télégraphes, de définir les termes exacts de l'interdition.

Le journal officiel "La Nouvelle Lumière de Myanmar" indique que le crime est étendu à l'acte de créer une connexion sur un réseau d'ordinateurs, et même l'usage de technologies et de réseaux "à des fins de déstabilisation la sécurité intérieure ...".

Tous les bulletins de soutien à la Birmanie démocratique de Aung San Suu Kyi (Nobel de la Paix 1991), diffusés sur l'Internet (notamment sur le site fédérateur FreeBurma), rappellent qu'en juillet dernier le diplomate activiste Leo Nichols est décédé dans les prisons du régime, il avait été incarcéré suite au délit de "détention non autorisée d'un télécopieur".

Ms Suu Kyi a vu sa ligne de téléphone coupée le 28 au soir, ce qui fut le déclanchement du bouclage de sa résidence et de la rue de l'Université sur laquelle se réunissait les partisans de la Ligue nationale pour la Démocratie mis à l'écart depuis près de 8 ans. Une série d'arrestations, chiffrée entre 600 et 800 selon les sources, s'en est suivie. A la mi-octobre la junte en a libéré plusieurs centaines.

Aung San Suu Kyi, depuis une certaine liberté de parole acquise au début de l'année, diffusait tous les jours une lettre au quotidien japonais Mainichi Shimbun (version japonaise uniquement). A la mi-octobre, ses lettres (copiées sur des cassettes audio vraisemblablement) continuaient à être transmises à l'extérieur du pays.

Le groupe de news soc.culture.burma relaye tous les jours les bulletins quotidiens de BurmaNet, qui reproduisent des dépêches d'agences, des extraits de journaux comme les communiqués de la dissidence en exil.

La Birmanie n'a pas de lien officiel avec l'Internet. Mais un birman installé en Californie a vérifié auprès de l'InterNIC que le nom de domaine "mmnic.net" (MM pour Myan Mar) avait été réservé depuis février 1994 par le gouvernement birman. Nom déposé par l'intermédiaire du prestataire japonais Asia Pacific NIC, basé à Tokyo.

Ci-joint un message tiré de la liste de l'organisation américaine CyberPOLIS.

---fwd message--- >>From: George Sadowsky
>>Subject: Re: Burma Bans modems
>>RANGOON, BURMA, 1996 SEP 27 (NB) -- Burma has made owning, using, importing or borrowing a modem or fax machine without government permission a crime, punishable by up to 15 years in jail, according to a report by United Press International.
>>Burma's military government has imposed what's called "The Computer Science Development Law" which empowers the Ministry of Communications, Posts and Telegraphs to specify what exactly can be restricted, UPI reports.
>>UPI quotes the government-run newspaper New Light of Myanmar as saying the same punishment is prescribed for anyone who sets up a link with a computer network without the prior permission of the ministry, or who uses computer network and information technology "for undermining state security, law and order, national unity, national economy and national culture, or who obtains or transmits state secrets."
>>UPI reports that in July a diplomat, Leo Nichols, died in prison after he was sentenced to a lengthy term for illegal possession of fax machines.
(...)
c y b e r P O L I S
Christopher D. Frankonis -- baby-x@cyberpolis.org
---end of fwd message---

Vos données médicales ne tiennent qu'à un fil

Dans le message suivant diffusé dans la liste "cyber-rights" de l'organisme américain CPSR, on raconte la banale histoire qu'un employé de la sécu a piqué un fichier de malades atteint du VIH pour être sûr de son coup lors de ses futurs rendez-vous amoureux.

---fwd message--- >
>Sender: dfickeisen@cpsr.org (Duane Fickeisen)
> Subject: cr> Health Info Database Misused
>
>An AP story from Tampa Bay appearing in the Palo Alto Daily News asserts that a public health worker took a laptop and disks with confidential lists of people with AIDS and HIV home and to a gay bar to check out the HIV status of potential dates and offered to look up names of people his friends were interested in dating. One person asserted that he had warned friends away from potential dates, telling them that their names were "on the list." Another claimed that people interested in dating him backed away after the health worker talked to them. The County Health Department has fired him, although he claims he did nothing wrong. The former health worker also owns and lives in a funeral home. The state had permitted such databases to be removed from offices and taken home until they changed their internal rules two weeks ago.
>Raises anew questions about privacy and confidentiality of records, security, and misuse/abuse of information for personal and private gain. This ought to be raised up as an example of abuse in response to the announced plans for a national health information database.
>Duane H. Fickeisen, Interim Director
>Computer Professionals for Social Responsibility
---end of fwd message---

Cette histoire, si j'ai bonne mémoire, a été évoquée par Phil Zimmermann lors de la conférence du 25 septembre sur la cryptographie à Paris. Comme preuve que l'usage du chiffrement pour sceller des documents secrets aussi intimes que le dossier médical relevait du bon sens. Zimmermann est président de PGP Inc., qui propose des solutions de sécurité électronique dérivées de son fameux logiciel Pretty Good Privacy.


Bataille légale contre le junk email

Le service en ligne AOL a engagé un bras de fer avec des société de marketing qui envoyaient sans scrupules des courriers en nombre par e-mail à ses abonnés. La direction d'AOL avait décidé de filtrer tous les messages provenant des sociétés visées (CyberPromo, ServInt, etc.), mais un juge fédéral avait ordonné le 7/9 à AOL de stopper cette "discrimination".

Acte 2 : AOL vient de gagner en seconde instance. Le fond sera jugé le 12 novembre. Extraits d'une dépêche de l'AFP:

---fwd message---
>DULLES (Etats-Unis), 23 sept (AFP) - Le service en-ligne America Online (AOL) a obtenu de la justice saisie en appel le droit de bloquer la publicité distribuée massivement dans les boîtes aux lettres électroniques de ses plus de six millions d'abonnés dans le monde, a-t-on appris lundi auprès de la compagnie à Dulles (Virginie).
>AOL va pouvoir recommencer à bloquer les serveurs (...) jusqu'à ce que soit jugé sur le fond un différend qui l'oppose à l'un des plus importants de ces centres promotionnels, CyberPromo, a indiqué un porte-parole de la société. (...)
>CyberPromo invoque le Premier Amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d'expression. AOL souligne de son côté que les mailings électroniques sont devenus envahissants au point de constituer le principal sujet de plainte de ses clients.
>En 1991, le Congrès américain avait voté une loi interdisant l'envoi de mailings publicitaires par fax. Certains experts juridiques estiment que la définition légale d'un fax englobe les micro-ordinateurs.
---end of fwd message---

New York réinvente le CDA

L'Etat de New-York a voté récemment une loi locale qui ressemble comme deux gouttes d'eau au Decency Act fédéral, pourtant annulé pour anti-constitutionnalité. Tout document "indécent" diffusé à destination des mineurs par des moyens électroniques devient interdit.

Se reporter à la manif organisée par le Voters Telecommunication Watch le 3 novembre 1996 à ce sujet, avec Netly News.

Live speakers: Rep. Jerrold Nadler (D-NY) invited: Opening remarks. Shabbir J. Safdar, President (VTW Center for Internet Education). Steve Barber, Legislative Counsel (VTW): How will this bill affect you, and what you should ask your own attorney. Ann Beeson, Litigation Staff (ACLU) invited
Speakers available online through interactive chat: Diana Jarvis, Staff Counsel (VTW Center for Internet Eduation) Stephen Filler, Law Offices of Stephen C. Filler - invited

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