Haroun TAZIEFF, célèbre géologue et vulcanologue français,
directeur honoraire au CNRS, décrit l'expérience qu'il fit du
Lambarène dans son livre: "Le gouffre de la Pierre St-Martin" (Arnaud
Ed).
- "Vas-y, me dit André (médecin de l'expédition) ça te donnera des forces. Et avale aussi ceci, ajouta-t-il en me tendant un comprimé. -Crois-tu qu'il faille déjà en prendre ? ne vaudrait-il pas mieux réserver ça pour les coups de pompe ?" C'était du Lambarène, un excitant, un "dopant" qui devait nous permettre de trouver dans nos corps épuisés la force nécessaire. -Non, vas-y, il faut prévenir les coups de pompe. Nous en prendrons d'autre tout-à-l'heure, régulièrement... Nous avions avalé, à l'instant, notre troisième comprimé de Lambarène, et un effet tonique se faisait sentir. Je me hâtais, dopé au Lambarène, sautant d'un bloc à l'autre avec une agilité retrouvée... Je commençais, malgré le Lambarène, à ressentir durement la fatigue, j'avais de la peine à escalader les blocs énormes qu'il fallait redescendre ensuite aussitôt, pour attaquer le suivant, des crampes insidieuses rampaient dans la partie antérieure des cuisses. Pourvu qu'elles n'augmentent pas... Je pris un nouveau Lambarène. Pendant qu'André escaladait l'échelle, je me massais les jambes. En dix minutes, tout était en ordre et je montais à mon tour sans difficulté... Malgré le Lambarène que je venais d'avaler, je ne me sentais pas loquace du tout. Le temps coulait. L'eau aussi. Une heure passa, l'effet du Lambarène aussi... Et, cette ultime journée, cette course effrénée à la découverte, ces six heures de descentes et de grimpées, à coups de Lambarène, cette journée ajoutée aux autres, terrible... Seul, l'excitant nous avait permis de tenir. L'effet du dernier comprimé passé, n'en ayant pas d'autres, je ne fus qu'un lamentable paquet de viande misérablement pendu au bout d'un fil." Depuis 1989, cet alcaloïde fait partir des produits dopants interdits par le CIO, l'Union internationale du cyclisme et le Secrétariat d'Etat de la Jeunesse et des Sports. |
Source : R. Goutarel, 1999 |